dimanche 31 juillet 2011

Nous twittons, nous apprenons !


J’ai commencé à utiliser Twitter en classe FLE en août 2010, il y a un an. Aujourd’hui, je vais faire le bilan de mes usages de cet outil de microblogage. Mes comptes  professionnels pracheefle  et pracheepalsule
Pourquoi ?
On n’avait pas encore créé le réseau ning Mumbaikar in French Il n’y avait donc pas de plateforme commune pour les apprenants après leurs cours. Je cherchais un moyen simple et efficace pour mes étudiants du niveau B2, avec de grosses difficultés en CO mais, n’ayant cours que deux fois par semaine. Comment pouvaient-ils rester  en contact avec leurs camarades de classe et avec le français? Comment pouvais-je leur proposer des exercices en CO tout au long de la semaine ? Comment allais-je les pousser vers l’autonomie en me glissant dans les coulisses ?
Comment ?
  1. 1.     Créer un réseau : J’ai demandé à tous les étudiants d’ouvrir un compte Twitter. Quelques uns en avaient déjà un. Ils ont dû en ouvrir un nouveau  pour assurer que l’échange soit uniquement en français. Afin de faciliter le réseautage, j’ai créé la liste tandemafb Les étudiants sont restés en contact avec leurs camarades de classe. Ils sont aussi entrés en contact avec les étudiants venant de mes autres groupes du niveau B2. Plus tard, ils ont aussi noué contact avec des lycéens rochelais. Pendant le premier semestre, une étudiante a pris l’initiative de monter une pièce de théâtre et elle a trouvé beaucoup de collaborateurs grâce à ce réseautage, via Twitter. Les étudiants ont aussi commencé à annoncer les événements culturels de l’AFBombay sur Twitter. Hélas, ils se sont aussi mis à  prévenir leur absence ou le retard. Bref, j’ai assisté à  l’éclosion de leur communauté virtuelle.
  2. 2.     Proposer des liens et de petis exercices en CO et en CE: J’ai commencé par afficher des liens vers des sites incontournables comme TV5, RFI etc. C’était trop banal mais je m’attendais à ce que les étudiants continuent de surfer et qu’ils découvrent d’autres sites utiles. Mon expérience antérieure avec des blogs m’avait appris que mes étudiants ne consultaient pas les sites francophones eux-mêmes, que leur donner une liste des url en classe ne servait à rien. En revanche,  amenés à faire une activité ou une tâche en français en ligne, ils se laissaient aller et continuaient de naviguer la Toile francophone, chacun créant son propre parcours. Au début, j’ai compté sur cette attitude et heureusement, mes étudiants ne m’ont pas déçue. J’ai également préparé de petits exercices ou des tâches à partir des documents authentiques : un support audio ou vidéo ou un article et quelques questions simples dont les réponses pouvaient être courtes. Les supports, les questions ainsi que les réponses étaient affichées sur Twitter. J’ai aussi conseillé de s’abonner aux comptes de la presse francophone et des sites éducatifs.
  3. 3.     Ma consigne pour l’étape suivante était « Laissez une trace sur Twitter de ce que vous avez lu, vu et écouté en français » C’était un pas vers les échanges horizontaux et l’autonomie de l’apprenant. Les apprenants-usagers affichaient des liens de leurs activités individuelles en ligne. La plupart du temps, je me contentais de les retweeter, mais quelquefois je poussais plus loin : si l’étudiant avait seulement affiché une vidéo, je posais des questions sur la compréhension, s’il twittait qu’il avait vu un film ou lu un article, je demandais le synopsis ou son avis. Certains se réjouissaient aussi de publier leur score des exercices CO auto-correctifs, d’autres exigeaient de moi des explications grammaticales (en tweetant !) Résultat : un changement radical dans la direction des échanges. Les échanges apprenant – apprenant ou apprenant – enseignante se sont multipliés. Les échanges enseignante – apprenants étaient en fonction des besoins des apprenants et par conséquent moins directifs.  Les apprenants ont choisi leurs propres pistes, je les ai accompagnés.
  4. 4.     Evaluer en ligne et / ou en classe : Les apprenants s’étaient ainsi acheminés vers l’autonomie. Mon rôle à cette étape était de superviser. J’avais accepté le fait que je ne pouvais pas corriger toutes les erreurs. Pourtant, j’ai fait des interventions. Twitter ne permet pas de souligner, de biffer, de mettre des caractères à gras, en italique ou en couleurs. J’ai utilsé des majuscules pour signaler les erreurs. J’ai aussi sollicité d’autres étudiants à corriger. Au lieu de corriger moi-même, j’ai posé des questions.  «Hésiter + quelle préposition ?» Cette dernière stratégie suscitait évidemment plus d’intérêt et s’avérait plus efficace. Je tiens à faire remarquer que la correction en ligne, n’intimide pas les apprenants. Ils sont loin d’être gênés. ritudsyadav  m’a demandé de corriger. Quant aux erreurs récurrentes, j’ai fait le point dans la classe, en présentiel. Idem pour les questions difficiles comme celle d’alison  « @pracheefle g besoin d'explications: pourquoi «avaient » pas «avait», même si c'est UNE douzaine? » J’ai repris la question en classe pour mieux éclaircir.
  5. 5.     # ety : Il s’agissait d’un travail collaboratif. Après avoir observé les origines latines ou grecques, surtout les préfixes ou les suffixes de quelques mots français, les étudiants devaient chercher au moins deux mots à l’aide d’un dictionnaire ou d’Internet. Ensuite, ils les ont publiés sur Twitter avec la balise # ety : l’abréviation de  l’étymologie. 70 mots ont été inventoriés. L’utilisation de la balise a aidé à repérer tous les tweets à la fin du projet. L’idée ici n’est pas révolutionnaire. Avant Internet, nous faisions tous ce genre d’activité basée sur la recherche, en classe. La nouveauté réside dans la mutualisation. Chacun a apporté une pierre pour construire l’édifice, chacun a contribué  un petit peu pour pouvoir apprendre 70 mots. Le travail s’est fait en dehors de la classe et sur quelques jours. Pour moi, c’était important car pendant ce temps-là, l’étymologie les a préoccupés, ils y ont pensé et réfléchi. « @thakkarprapti A mon avis, équitation ne vient pas de racine equi. Tous les mots dont lesquels il s'agit de cheval viennent de mot 'equus'. » Une meilleure systématisation en a résulté.
  6. 6.     #lexique : J’ai ajouté un angle comparatif cette fois-ci. Il y a plusieurs expressions idiomatiques avec les parties du corps en français, ainsi qu’en anglais et les langues indiennes régionales.
  7. 7.     Typewith.me et des scénarii pédagogiques : Twitter a aidé le déroulement des activités variées destinées à des groupes différents dans le cadre d’un scénario pédagogique et a facilité le travail collaboratif avec typewith.me.  
  8. 8.     Prises de notes : En écrivant des scénarii pédagogiques, j’ai souvent joué sur la mutualisation des savoirs pour élaborer la production finale. L’outil utilisé pour partager les renseignements recueillis : Twitter
  9. 9.  E-tandem #indofr : Mes étudiants ont également participé à l’e-tandem avec les lycéens de ladeuxiemeannee  organisé par le directeur pédagogique de l’AFB M David Cordina w2YDAvid
  10. 10.  Ning et Twitter : Depuis la création du réseau ning « Mumbaikar in French »,  Twitter sert à annoncer le démarrage d’une nouvelle discussion ou la publication d’un nouveau billet.


Plusieurs activités Twitter sont désormais possibles sur  la plateforme plus complète « Mumbaikar in French ». Pourtant, la contrainte de 140 signes  donne envie de trouver de nouvelles pistes. Après tout, toute contrainte n’est-elle pas propice à la créativité ?

P.S. De mon groupe Twitter, tous ceux qui ont passé l’examen DELF en novembre 2010 et en mai 2011, ont eu leur B2.  Mon objectif a été atteint. Merci Twitter !